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Le compagnon de Marion a fait fort, très fort...

Félix Roussel champion de France du 60m !

On pouvait tous le souhaiter. On pouvait tous le lui souhaiter. Lui seul savait qu’il allait le faire. Elle seule s’est pris toute la pression. Lui était calme, concentré, déterminé. Prêt. Il n’attendait plus que le coup de feu.

L’histoire avait commencé quelques jours plus tôt.

Je me souviens de « notre » Marion m’informant l’avant-veille de la Finale départementale des poussins qu’elle ne pourrait finalement pas venir coacher nos 15 jeunes. Elle allait accompagner Félix, l’homme de sa vie, chercher au Luxembourg sa qualification pour les 60m des championnats de France Nationaux à Nantes.

Billet en poche pour les élites, Marion et Félix prirent alors deux autres billets pour s’envoler ce vendredi soir à la conquête de l’ouest, où allaient converger tous les chercheurs d’or de France.

Notre emblématique entraineur eut juste le temps d’assurer la séance de l’éveil athlétique pour sprinter sur Entzheim, puis s’envoler avec Félix pour ce pays des rêves où le champ des possibles ne demande qu’à être labouré par une foi chevillée au corps et à l’âme.

Le jour J, l’heure H, l’instant T.

Le sprint court ne souffre aucune imprécision, tant dans sa préparation que dans son déroulement. On est dans l’helvétique, là.

60m, c’est moins de 7 secondes. Même pas le temps de fredonner « 7 seconds », cette sublime chanson interprétée au milieu des années 90 par Youssou N’Dour et Neneh Cherry. Nous en serions encore aux premiers rythmes de son introduction que les athlètes seraient déjà arrivés.

La qualification en 6’’88 pour la finale, avec le second temps des deux séries, est déjà oubliée. L’odeur du podium rôde, mais il faut surtout ne pas y penser.

Faire le vide. Se concentrer. Etre dans l’instant. Ecrire sa finale. En être l’acteur principal et surtout pas le spectateur.

Un silence à entendre le battement de son cœur qui s’accélère.

La délivrance du coup de feu. Enfin. Mais aussitôt suivi par un second, synonyme de faux départ, synonyme d’exclusion. Un stress de plus et un paramètre supplémentaire à gérer.

L’auteur du meilleur temps des séries doit quitter la finale. Cruel. Dura lex, sed lex.

Il faut se replacer dans les starting-blocks, se concentrer, se recentrer. Une finale ne peut ressembler à une autre finale. Tout concourt à ce qu’elle soit et reste unique.

Marion est au bout de sa vie. Lequel des deux cœurs s’emballe le plus à cet instant où la finale va produire sa vérité ?

Silence.

Une scène de tableau, muette, figée.

Un bras armé d’un pistolet se lève, un doigt se replie sur une gâchette et délivre les 6 prisonniers dans un coup de feu aussitôt noyé dans le vacarme d’une salle rendue hystérique par le drame improvisé qui se joue le temps de hurler ses encouragements.

Un centième de seconde.

Félix Roussel coiffe au poteau la horde des pur-sang, avec un centième d’avance sur le second.

Six années après avoir été champion de France sur 100m dans la catégorie des espoirs, le sociétaire de l’EHA devient champion de France senior en salle du 60m en 6 ‘’81.

Franchir le premier la ligne d’une telle compétition n’est pas anodin.

Il y a d’abord une vague. Un torrent d’émotions. Autant qu’on reçoit qu’on distribue autour de soi. Le temps s’arrête. Les yeux s’embuent. C’est une forme de sidération, celle qui accompagne les exploits, tant cherchés, mais si aléatoires dans leur réalisation.

Cette course change la vie de son auteur, pas tant celle de la vie courante, mais celle de la vie intime. Elle y écrira une ligne qui restera gravée et qui sera source d’inspiration.

Champion de France chez les « grands ». Champion de France, quoi…

On y apposera plein de mots, le travail, l’obstination, l’entêtement, la volonté, la classe, mais on en retiendra surtout un : la passion.

Seule la passion de ce que l’on fait peut conduire à l’excellence et justifier l’importance des rêves et des quêtes que l’on se choisit en pleine conscience.

Je conclurai ces quelques mots encore griffonnés d’émotions en te félicitant et te remerciant Félix, non seulement pour nous avoir fait rêver, mais pour nous avoir rendus heureux et surtout pour avoir rendu Marion si fière et heureuse !

J’ai également une pensée pour Jean-Luc Freysz ton entraineur actuel qui t’accompagne depuis quelques années dans ta passion athlétique.

Va falloir que tu reviennes signer des autographes à Feg’Athlé, Félix ! 

Les résultats : http://bases.athle.com/asp.net/liste.aspx?frmbase=resultats&frmmode=1&frmespace=0&frmcompetition=225306

Photos associées : 2019-02-09 France à Nantes